Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/25

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Telle fut l’influence de la piété pendant la période religieuse, qui embrasse les vingt siècles avant l’ère chrétienne.

La suite se devine.

Démoralisée par une première religion, la conscience cherche son salut dans une réforme. Elle se crée une divinité rédemptrice, capable de lui rendre sa vertu primitive, et de lui refaire une Justice. C’est l’œuvre dont le christianisme, religion par excellence de la chute et de la réhabilitation, voulut bien se charger, en se définissant lui-même dans la proposition suivante, qui forme, avec les deux énoncées plus haut, sa trilogie morale ;

La religion est l’ensemble des moyens thérapeutiques et prophylactiques, enseignés par Dieu même, par lesquels l’homme dégradé se rétablit dans la vertu et conserve ses mœurs.

Remarquons la logique de ce nouveau système, auquel tendent fatalement, comme à leur dernière forme, toutes les religions nées et à naître.

L’homme, bien qu’il eût été créé en état d’innocence, ne possédant pas en soi la raison suffisante du bien, ne pouvait manquer de faillir. Ce n’est donc pas à lui-même, à une réaction vertueuse de sa conscience qu’il doit demander la réparation de son péché ; c’est à l’Essence supérieure, dont la parole a allumé dans le cœur de l’homme le flambeau de la loi, et qui seule possédant la sainteté, peut communiquer à son serviteur, avec le précepte, la force de le pratiquer, d’y persévérer, et s’il s’en écarte, d’y revenir.

En sorte que l’on peut considérer l’éducation chrétienne comme une sorte d’allopathie mentale, suivant laquelle l’homme, atteint d’une affection constitutionnelle et actuellement prévaricateur, est rendu au bien, non par l’énergie habilement excitée de son âme, mais par l’appli-