Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Car demander que le travail soit affranchi, c’est demander ipso facto :

Que la liberté individuelle soit respectée ;

Que la balance des services et des valeurs soit faite ;

Que la prestation des capitaux devienne réciproque ;

Que l’aliénation des forces collectives cesse ;

Que le gouvernement, établi sur la démocratisation et la mutualité des groupes industriels, foyers des forces collectives, soit réformé d’après la loi de leur pondération ;

Que l’instruction primaire soit ôtée au clergé ;

Que l’enseignement professionnel soit organisé ;

Que le contrôle public soit assuré ;

Toutes choses sans lesquelles l’affranchissement du travail est impossible, mais qui répugnent aux intérêts du privilége, autant qu’à la pensée chrétienne.

Qui pourrait retenir l’insurrection ?

Dans les temps féodaux, le travailleur avait la conviction de son infériorité ; il croyait à la providentialité de sa condition, il portait en son cœur le respect de la noblesse, l’amour de la royauté, la religion du sacerdoce. Ces sentiments, qui lui faisaient prendre son sort en patience, aujourd’hui n’existent plus. Le travailleur hait ou soupçonne tout ce qu’il accuse de l’exploiter, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas comme lui travailleur.

À moins d’une transaction amiable, la bataille est forcée. Et vainqueur ou vaincu, le travail imposera la loi au capital : car ce qui est dans la logique des faits arrive toujours, et il n’y a rien de plus inutile au monde que la victoire.