Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/75

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mence toujours par croire sur parole ce que plus tard il devra affirmer par raison ; enfin de la solidarité sociale. Oui, enfin, je proclame avec Mgr Dupanloup que la base de toute morale est dans le respect : qu’est-ce donc que la Justice que je défends, sinon le respect de l’homme ?…

Mais ici j’arrête mon auteur et je lui demande :

Croyez-vous sérieusement que le respect puisse exister dans le catholicisme ? Et, quelque mal que vous vous donniez dans vos séminaires pour en inculquer la maxime, pouvez-vous nier qu’elle ne soit à chaque instant contredite par votre pratique sociale, par votre discipline et par votre dogme ?

Peut-il y avoir respect dans un système où les conditions sont déclarées, par autorité divine, inégales ? dans un système où l’éducation donnée à la multitude, en vue de la hiérarchie, consiste en une espèce de castration morale et intellectuelle ; où les petits du peuple sont élevés pour l’exploitation, comme les petits des animaux pour la consommation ?

Qu’est-ce que le respect ? Mgr Dupanloup, si habile latiniste, le sait mieux que personne : c’est l’égalité de considération. — Respectus, de re-spicere, regarder en se tournant, de manière à voir de face la personne qu’on regarde. Le regard de côté est un signe de fatuité, de fourberie ; comme le regard en dessous, suspicio, en est un de méfiance et de haine.

Qu’est-ce que le mépris, en latin despectio ? L’inégalité de considération. — Despectio, de de-spicere, regarder du haut en bas.

Du mépris au respect, la différence est de l’oblique à l’horizontale.

Quel respect donc, je ne dis pas du maître à l’élève, du père à l’enfant, puisque, par la nature des choses, l’élève doit être un jour l’égal de son maître, l’enfant tôt ou