Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 2.djvu/77

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Ce que le langage humain, avec plus ou moins d’exactitude, nomme respect, dérive, selon le prêtre, de la religion, c’est-à-dire, pour parler comme la féodalité, de l’hommage-lige, qui, commençant à Dieu, finit au bâtard de la fille esclave, et implique nécessairement inégalité. Selon nous, au contraire, le respect découle du jus, c’est-à-dire de la dignité virile, déclarée par la Révolution identique et adéquate entre tous les hommes.

Fils de la Révolution, nous affirmons l’égalité, que nient, au nom de leur foi, les fils de la religion. C’est pour cela qu’ils nous accusent d’avoir détruit le respect, et qu’ils nous regardent comme infâmes, dans notre vie, dans notre âme et dans notre corps, à peine dignes, après notre mort, d’être enlevés par l’entrepreneur des immondices.

Pas de jour qu’ils ne nous en jettent l’outrage.

La Révolution, en déclarant la liberté de conscience, a fait des cimetières une propriété publique. L’Église, non contente d’y conduire par des chemins divers le riche et le pauvre, revendique cette propriété comme sainte, et prétend en écarter les mécréants. À Chelles (Seine-et-Marne), un vieux colonel refuse, à son lit de mort, les secours de la religion. Le curé fait jeter le cadavre dans un coin réputé infâme depuis l’inhumation d’un guillotiné. Il fallut que le maire, revêtant son écharpe, ordonnât de creuser une fosse dans un lieu décent, et par son intervention officielle sauvât le corps du libre penseur de l’outrage du prêtre.

Il semble pourtant que, le Concordat ayant réglé, avec l’approbation du pape, les rapports de la Révolution et de l’Église, le clergé devrait respecter cette loi, reçue par lui avec tant de joie. Il n’en est rien.

À Saint-Étienne, il existe un collège de jésuites, sous l’invocation de saint Michel. Or, de même que l’Église