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Monument indissoluble, dont l’univers fournit les fondements, dont la Terre est le piédestal, et l’Homme la statue.

XXX

Appliquée à l’économie et à la Justice, cette manière d’envisager les choses conduit à des solutions aussi importantes qu’inattendues.

Sans examiner si les différentes races sont originairement sorties de la même souche, comment ensuite, sous l’influence du climat, elles ont reçu leurs physionomies respectives : il est certain au moins que chacune d’elles peut et doit être regardée comme indigène au sol où elle a été trouvée, ni plus ni moins que les plantes qui y croissent et les animaux qui y vivent.

Par cet indigénat, l’homme et la terre deviennent immanents l’un à l’autre, je veux dire, non pas enchaînés comme le serf et la glèbe, mais doués des mêmes qualités, des mêmes énergies, et si j’ose le dire, de la même conscience.

C’est ce qu’exprime ce principe d’économie et de droit, pour lequel il n’est plus besoin désormais d’épuiser les ressources de la controverse : La terre appartient à la race qui y est née, aucune autre ne pouvant lui donner mieux la façon qu’elle réclame. Jamais le Caucasien n’a pu se perpétuer en Égypte ; nos races du Nord ne réussissent pas mieux en Algérie ; l’Anglo-Saxon s’étiole en Amérique ou devient Peau-Rouge. Quant aux croisements, là où ils peuvent s’opérer, loin de détruire l’indigénat, ils ne font que le rafraîchir, lui donner plus de ton et de vigueur : on sait aujourd’hui que les sangs se mêlent, mais ne se fusionnent pas, et toujours une des deux races finit par revenir à son type et absorber l’autre.

De cette parenté de la race et du sol, fondement de