et nous pouvons, ce semble, sans présomption ni orgueil, d’un côté arracher les masses à leurs funestes symboles, de l’autre donner aux hommes politiques le secret de leurs mécomptes.
Une observation à faire en général sur les sciences morales et politiques, c’est que la difficulté de leurs problèmes vient surtout de la manière figurée dont la raison primitive en a conçu les éléments. Dans l’imagination populaire, la politique, de même que la morale, est une mythologie. Là tout devient fiction, symbole, mystère, idole. Et c’est cet idéalisme qui, adopté de confiance par les philosophes comme expression de la réalité, leur crée ensuite tant d’embarras.
Le peuple, dans le vague de sa pensée, se contemple comme une gigantesque et mystérieuse existence, et tout dans son langage semble fait pour l’entretenir dans l’opinion de son indivisible unité. Il s’appelle le Peuple, la Nation, c’est-à-dire la Multitude, la Masse ; il est le vrai Souverain, le Lé-