Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/109

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été impossible. Le champ de bataille se trouvant limité entre l’Élysée et le Palais-Bourbon, la levée de boucliers du pouvoir exécutif n’eût entraîné tout au plus que la garnison de Paris et le personnel des ministères[1].


Je ne terminerai pas ce paragraphe sans citer les paroles d’un écrivain dont le public a pu apprécier quelquefois dans le Courrier du Dimanche l’esprit de modération et de profondeur, M. Gustave Chaudey, avocat à la Cour de Paris. Elles serviront à faire comprendre qu’il ne s’agit point ici d’une vaine utopie, mais d’un système actuellement en pratique, et dont l’idée vivante se développe quotidiennement :


L’idéal d’une confédération serait le pacte d’alliance dont on pourrait dire qu’il n’apporte aux souverainetés particulières des États fédérés que des restrictions devenant, aux mains de l’autorité fédérale, des extensions de garantie pour la liberté des citoyens, des accroissements de protection pour leur activité individuelle ou collective.

  1. Quelques-uns se sont imaginé que, sans le vote du 24 novembre 1851 qui donna raison à la Présidence contre la droite et assura le succès du coup d’État, la république eût été sauvée. On a beaucoup déclamé, à cette occasion, contre les membres de la montagne qui s’étaient prononcés contre la droite. Mais il est évident, d’après la loi des contradictions politiques (voir plus haut Chap. VI et VII) et d’après les faits, que si la Présidence eût été vaincue, le peuple s’étant abstenu, le principe bourgeois l’emportait, la république unitaire se transformait sans la moindre difficulté en monarchie constitutionnelle, et le pays revenait, non pas au statu quo de 1848, mais à un régime peut-être plus rigoureux que celui du 2 décembre, puisqu’à une force au moins égale dans le gouvernement, il aurait joint, par la prépondérance décisive de la classe moyenne et la restriction déjà à moitié faite du droit de suffrage, la déchéance méritée des masses.