Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/125

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Sud les Pyrénées et la Méditerranée ; à l’Est les Alpes et le Jura ; au Nord-Est le Rhin. Je ne veux point ici discuter cette circonscription, prétendue naturelle, bien que les bassins du Rhin, de la Moselle, de la Meuse et de l’Escaut appartiennent plutôt à la Germanie qu’à la Gaule. Ce que je veux seulement faire remarquer, c’est que le territoire compris dans cet immense pentagone, d’une agglomération facile, ainsi que le prouvèrent tour à tour les Romains et les Francs, n’est pas moins heureusement disposé pour une Confédération. On peut le comparer à une pyramide tronquée, dont les pentes, unies par leurs crêtes et versant leurs eaux dans des mers différentes, assurent ainsi l’indépendance des populations qui les habitent. La politique romaine, qui déjà, faisant violence à la nature, avait unifié et centralisé l’Italie, en fit autant de la Gaule : en sorte que notre malheureux pays, ayant à subir coup sur coup la conquête latine, l’unité impériale, et bientôt après la conversion au christianisme, perdit pour jamais sa langue, son culte, sa liberté, et son originalité.


Après la chute de l’Empire d’Occident, la Gaule, conquise par les Francs, reprit sous l’influence germanique une apparence de fédération qui, se dénaturant rapidement, devint le système féodal. L’établissement des communes aurait pu raviver l’esprit fédéraliste, surtout si elles s’étaient inspirées de la commune flamande plutôt que du municipe romain : elles furent absorbées par la monarchie.


Cependant l’idée fédérative, indigène à la vieille Gaule, vivait comme un souvenir au cœur des provinces, lorsque