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Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/127

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représentants d’une collectivité indivise, qui se mirent à remanier de fond en comble la société française, à laquelle ils daignèrent, les premiers, octroyer une charte. Pour rendre la métamorphose irrévocable, les provinces furent découpées et rendues méconnaissables, tout vestige d’indépendance provinciale anéanti sous une nouvelle division géographique, les départements. Syeyès qui la proposa, qui plus tard fournit le type de toutes les constitutions invariablement unitaires qui depuis soixante-douze ans ont gouverné le pays, Syeyès, nourri de l’esprit de l’Église et de l’Empire, fut le véritable auteur de l’unité actuelle ; ce fut lui qui refoula dans son germe la confédération nationale, prête à renaître s’il se fût trouvé seulement un homme capable de la définir. Les nécessités du moment, le salut de la Révolution, furent l’excuse de Syeyès. Mirabeau, qui le seconda de tous ses efforts dans cette création départementale, embrassa avec d’autant plus d’ardeur l’idée de Syeyès, qu’il craignait de voir naître des franchises provinciales une contre-révolution, et qu’autant la division du territoire par département lui paraissait heureuse pour asseoir la monarchie nouvelle, autant il la trouvait excellente comme tactique contre l’ancien régime.


Après la catastrophe du 10 août, l’abolition de la royauté ramena de nouveau les esprits vers les idées fédéralistes. On était peu satisfait de la Constitution de 91, devenue impraticable. On se plaignait de la dictature des deux dernières Assemblées, de l’absorption des départements par la capitale. Une nouvelle réunion des représentants de la nation fut convoquée elle reçut le nom significatif de Con-