Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/180

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est un pont jeté sur la Méditerranée, allant des Alpes jusqu’à la Grèce, et qui forme la grande route d’Occident en Orient. Avec la ligne de fer qui de Gênes, Coni ou Genève se prolonge jusqu’à Tarente, l’Italie accapare d’abord tout le transit des voyageurs de l’Europe occidentale à destination des ports du Levant, et bientôt, par le percement de l’Isthme de Suez, de ceux qui se rendent dans l’Inde, à la Chine, au Japon, en Océanie et Australie. Avec la vapeur et le railway, l’Italie redevient comme jadis le centre du mouvement européen : c’est par elle que l’Espagne, le Portugal, la France, l’Angleterre, la Belgique, la Hollande, le Rhin, la Prusse, l’Allemagne, la Suisse, une partie de l’Autriche, se mettent en communication avec la Sicile, les îles Ioniennes, Candie, Lépante, Athènes, l’Archipel, Constantinople, Odessa et la mer Noire, Smyrne, Chypre, Rhodes, Saint-Jean-d’Acre, Alexandrie, Suez, et tout le haut Orient.


Dès à présent cette position se fait sentir. Les voyageurs qui de Londres, Paris ou Bruxelles vont dans le Levant par le service des Messageries impériales, ne s’embarquent plus à Marseille : ils vont, par les voies ferrées, prendre l’escale à Gênes, ce qui leur épargne vingt-quatre heures de navigation ; la même chose a lieu pour le retour. Supposez la ligne de fer terminée de Turin à Naples et à Tarente, c’est à l’un de ces deux ports que se feront les embarquements et débarquements, à la grande satisfaction des voyageurs qui, en s’épargnant les fatigues de la mer, trouveront encore une économie de temps. Dans ces conditions, il n’y aurait plus un seul voyageur français, ni du centre, ni de Bordeaux, Toulouse, Bayonne ou Perpignan, qui, partant