Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/182

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80 fr. par mille kilogrammes. Plus d’une fois on a vu le commerce se déplacer pour un moindre avantage.


Dans cette situation, comment la France, isolée des grandes routes commerciales, frappée par le libre-échange qui annulerait sa navigation, déboisée par l’énorme fourniture de ses chemins de fer, aspirerait-elle encore à être une puissance maritime ? De quoi lui servira, pour le dire en passant, le percement de l’isthme de Suez, entrepris à la barbe de l’Angleterre avec des capitaux presque exclusivement français, et devenu pour la Russie, la Grèce, les Républiques Danubiennes, l’Autriche, la Turquie, l’Italie surtout, la source d’une prospérité sans rivale ? Le passage de Suez, si le succès répond aux annonces, sera une cause de décadence pour Marseille et de ruine pour le Havre, puisque, de quelque manière que nous envisagions la chose, il ne peut rien nous en revenir : plus il sera utile aux étrangers, plus il nous sera préjudiciable. On parle d’alliances naturelles, de communautés de principes, de sympathie des races : que sont ces phrases en présence de l’antagonisme des intérêts ?


C’est cette situation merveilleuse de l’Italie qu’il s’agit pour les unitaires de faire servir, non point précisément à la prospérité des populations italiennes, ce qui rentrerait tout à fait dans le Droit et contre quoi je n’aurais absolument rien à dire, mais à la puissance et à l’action du nouveau gouvernement, c’est-à-dire au développement d’une nouvelle et formidable monarchie, impérialiste ou constitutionnelle mais à l’humiliation de la puissance française et à la perpétuité du régime unitaire.