Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/203

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en 1859, du point de vue des principes, du point de vue de la fédération !


Considérez d’abord que ce qui fait de l’Italie, comme puissance maritime et industrielle, une rivale si redoutable à la France, disparaît entièrement, sans perte aucune pour le peuple italien, dans le système fédératif. Ce ne sont pas, en effet, les avantages de position et de territoire, ce n’est pas la supériorité de l’industrie et des capitaux qui rend un peuple dangereux à ses voisins ; c’est leur concentration. La richesse distribuée est inoffensive et n’excite pas l’envie ; seule la richesse agglomérée entre les mains d’une féodalité fortement assise, et par celle-ci mise à la disposition d’un pouvoir entreprenant, peut devenir, dans l’ordre économique et dans l’ordre politique, une force de destruction. L’influence oppressive, dissolvante d’une aristocratie financière, industrielle et territoriale sur le peuple qu’elle exploite et sur l’État n’est pas douteuse : cette vérité, grâce à 1848, peut passer aujourd’hui pour un lieu commun. Eh bien ! ce qu’est l’agglomération des forces économiques à l’intérieur pour la classe travailleuse, elle le devient au dehors pour les nations voisines ; et réciproquement ce qu’est pour le bien-être d’une nation et pour la liberté des citoyens la répartition égale des instruments du travail et des sources de la richesse, elle le devient aussi pour la communauté des peuples. La cause du prolétariat et celle de l’équilibre européen sont solidaires ; toutes deux protestent avec une égale énergie contre l’unité et en faveur du système fédératif. Faut-il dire que le même raisonnement s’applique au gouvernement et à l’armée, et que la