Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/216

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vérité de la comparaison de ses articles avec ceux de ses concurrents.


C’est bien pis lorsque, chose qui ne manque jamais d’arriver, cette société soi-disant formée pour le service de la vérité, épouse une opinion politique et devient l’organe d’un parti. Vous pouvez la considérer définitivement comme une fabrique de fausse monnaie et une cathèdre d’iniquité. Tout moyen lui est bon contre l’ennemi. Jamais gazette démocratique parla-t-elle avec convenance d’un gouvernement monarchique, et jamais feuille royaliste rendit-elle justice aux aspirations de la démocratie ? Quels jugements que ceux portés par les libéraux et les cléricaux les uns contre les autres ! Quelle critique que celle de ces écrivains amateurs, sans spécialité, souvent sans études, payés pour lire et enterrer toutes sortes d’écrits, et traitant la justice littéraire comme une amplification de rhétorique ou une invective de club ! Plus le journal témoigne de violence et de mauvaise foi, plus il s’imagine avoir fait acte de vertu. Fidélité au parti, comme à la boutique et à la clientèle, n’est-ce pas sa loi suprême ?


La presse périodique a reçu de nos jours le plus cruel outrage qui puisse être infligé à des journalistes, quand le gouvernement a décidé que les comptes-rendus des chambres seraient fournis aux journaux par la questure. Sans doute je ne prétends point que la questure soit infaillible, ni le Moniteur lui-même ; ce n’est pas par de semblables mesures que je voudrais réformer la presse. Je dis que le châtiment a été mérité. L’abus du travestissement, comme