Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/246

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de Rome, de donner carte blanche au général Cialdini, et de laisser le Saint-Père à la garde de la Providence... Une partie de ce que tout à l’heure je mettais au défi le Siècle, en la personne de M. Taxile Delort, d’essayer. Eh ! M. de Girardin, vos tendances valent mieux que vos théories : nous pourrions presque nous entendre.


Remarquez pourtant une chose. Si l’Empereur revient, en ce qui concerne l’Église, au statu quo de 1795-1802, il faut qu’il suive la donnée jusqu’au bout. Une idée ne va jamais seule, et la politique ne supporte pas de scission. Le Consulat impliquait la réouverture des églises, lisez plutôt M. Thiers : on peut même dire qu’une des causes du succès du 18 Brumaire et de la popularité du Consulat fut que le Directoire ne pouvait, par son principe, donner satisfaction à la piété publique. Rompre avec l’Église, comme le propose M. de Girardin, ce serait donc abjurer la tradition impériale, recommencer en sens inverse le 18 Brumaire et le 2 Décembre, abolir le principe dynastique, rétablir, avec la constitution de 1848, la liberté de la presse, le droit d’association et de réunion, la liberté de l’enseignement ; exécuter, enfin, par dessus une révolution politique, une révolution économique, sociale, morale, quatre fois autant de besogne qu’en entreprirent en 89 les États-Généraux, en 93 la Convention, en 99 le premier Consul. Rompre avec l’Église, en un mot, ce serait attenter à cette belle unité, objet du culte de M. de Girardin, et mettre en péril le système impérial.


M. de Girardin se sent-il assez fort, de tête et de cœur,