Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/248

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tion, allié par le sang à presque toutes les familles princières de l’Europe, fils aîné de l’Église, dévoué aux intérêts capitalistes, d’adopter une pareille politique ? Oh ! quand j’ai dit que l’Empire était solidaire de la Papauté ; que leurs destinées, en dépit de leurs querelles, étaient inséparables, j’étais profondément dans le vrai. L’Empereur sans Église, comme le veut M. de Girardin, ce serait Robespierre tout pur, à moins que ce ne fût Marat : Robespierre suivant à pied, un bouquet à la main, la procession de l’Être Suprême, six semaines avant le 9 thermidor ; Marat, le jour de son triomphe, porté par les bras nus, deux mois avant la visite de Charlotte Corday. Il me semble entendre l’Empereur s’écrier comme le Pape : Non possumus !


M. de Girardin, comme tous les unitaires, croit peu aux idées ; il se moque des discussions de la presse et de la tribune et n’a foi qu’aux expédients, à ce qu’il nomme, avec ses vieux ennemis les Jacobins, politique d’action. Au point de vue de l’unité, là où le salut des intérêts, celui de la dynastie, sont la loi suprême, où le Pouvoir est d’accord avec la classe dominante, où la question d’Église est associée à la question d’État, M. de Girardin peut avoir raison : l’influence d’une presse d’opposition est peu redoutable. En fait de mensonge, le plus gros est engendré par la plus grande masse d’intérêts, et celui-là absorbe et annulle tous les autres. Quant à la vérité, elle est de si peu de chose, qu’elle n’inquiète personne.


Mais ces coalitions gigantesques sont, malgré la nécessité qui les provoque, ce qu’il y a de plus instable ; et