Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/263

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En outre, nous savons que les causes qui pendant tant de siècles ont ajourné le développement de l’idée fédéraliste, tendent à disparaître : c’est abuser de l’empirisme que d’opposer à un principe, comme fin de non-recevoir, la nouveauté de son apparition.


Une chose tient le Temps en peine et le détourne de l’idée fédéraliste, c’est l’entraînement des masses, des Italiens en particulier, vers l’unité. Jamais publiciste pensant par lui-même, en dehors de l’action des partis, n’eût allégué pareille raison. Qu’est-ce que prouve, en fait de doctrine, la voix des masses ? Laissez, Monsieur Nefftzer, ces arguments à M. Havin et à ses cinquante mille abonnés. Des moines, disait Pascal, ne sont pas des raisons. La République s’est montrée, et les républicains ne l’ont pas reconnue : cela devait être. La république est Liberté, Droit, et conséquemment Fédération ; la Démocratie est Autorité, Unité. C’est l’effet de son principe, et l’un des signes de l’époque, que la Démocratie ait perdu l’intelligence de son propre avenir. Eh bien ! le peuple italien, consulté sur l’unité, a dit, Oui. Mais voici que la force des choses répond, Non ; et il faudra bien que l’Italie en passe par la force des choses. L’accord de l’unité politique avec la décentralisation administrative est impossible ; c’est, comme la quadrature du cercle et la trisection de l’angle, un de ces problèmes dont on ne se tire que par une approximation artificielle ou un escamotage. Au courant unitaire succède en ce moment un contre-courant fédéraliste. On crie en Italie : À bas la Centralisation ! avec plus de force qu’on ne criait il y a six mois : Vive l’Unité et Victor-Emmanuel ! Il faut toute la