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Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/308

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hors du fédéralisme la politique, quelles que soient la vertu et la mansuétude des chefs d’État, tend à dégénérer en tyrannie, spoliation et extermination.


Depuis un demi-siècle la république des États-Unis passait pour le modèle des sociétés et le type des gouvernements. Une liberté de fait incomparable s’y déployait, entourée d’une prospérité inouïe. Mais cette république, aux formes fédéralistes, était infectée de vices profonds. La fièvre de l’exploitation, importée d’Europe avec la religion et les lois, l’orgueil du sang et de la richesse, avaient développé à un degré effrayant le principe de l’inégalité et de la distinction des classes, et rendaient inévitable le retour au gouvernement unitaire.


Trois catégories de sujets composaient la société américaine : les travailleurs noirs, esclaves ; les travailleurs blancs, de jour en jour plus enfoncés dans le prolétariat ; l’aristocratie terrienne, capitaliste et industrielle. L’esclavage et le prolétariat étant incompatibles avec les mœurs républicaines, les États du Sud, bien qu’ils se dissent par excellence démocrates, conçurent les premiers l’idée de centraliser les États-Unis et de dominer la Confédération. Ils voulaient en même temps développer sur toute la surface de la république leur institution particulière, à savoir la servitude noire. Repoussés par ceux du Nord, en forte majorité, et qui se couvraient par préférence du titre de républicains ; frappés eux-mêmes dans leurs intérêts de localité par cette majorité qui entendait user à son tour de la puissance et parler au nom de l’Union tout en-