Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des Français. En 1830, Louis-Philippe fut désigné par Lafayette comme la meilleure des républiques ; n’a-t-il pas été surnommé aussi le roi des propriétaires ? Garibaldi a rendu à Victor-Emmanuel le même service que Lafayette à Louis-Philippe. Plus tard, il est vrai, Lafayette et Garibaldi ont paru se repentir ; mais leur aveu doit être recueilli, d’autant mieux que toute rétractation serait illusoire. Nul démocrate ne peut se dire pur de tout monarchisme ; nul partisan de la monarchie se flatter d’être exempt de tout républicanisme. Il reste acquis que la démocratie n’ayant pas paru répugner à l’idée dynastique non plus qu’à l’idée unitaire, les partisans des deux systèmes n’ont pas le droit de s’excommunier, et que la tolérance leur incombe mutuellement.


Qu’est-ce maintenant que la Politique, s’il est impossible à une société de se constituer exclusivement sur le principe qu’elle préfère ; si, quoi que fasse le législateur, le gouvernement, réputé ici monarchique, là démocratique, reste à tout jamais un composé sans franchise, où les éléments opposés se mêlent en proportions arbitraires au gré du caprice et des intérêts ; où les définitions les plus exactes conduisent fatalement à la confusion et à la promiscuité ; où, par conséquent, toutes les conversions, toutes les défections peuvent se faire admettre, et la versatilité passer pour honorable ? Quel champ ouvert au charlatanisme, à l’intrigue, à la trahison ! Quel État pourrait subsister dans des conditions aussi dissolvantes ? L’État n’est pas constitué, que déjà il porte dans la contradiction de son idée son principe de mort. Étrange création, où la logique reste im-