Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/62

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préférer son empereur, malgré ses infidélités, à ses rois légitimes, malgré leur libéralisme.


L’insuccès alternatif, répété, de la démocratie impériale et de la constitutionnalité bourgeoise, a pour résultat de créer un troisième parti qui, arborant le drapeau du scepticisme, ne jurant par aucun principe, foncièrement et systématiquement immoral, tend à régner, comme on l’a dit, par la bascule, c’est-à-dire par la ruine de toute autorité et de toute liberté, en un mot par la corruption. C’est ce qu’on a appelé système doctrinaire. Accueilli d’abord par la haine et l’exécration des anciens partis, ce système n’en fait pas moins rapidement fortune, soutenu par le découragement croissant, et justifié en quelque sorte par le spectacle de la contradiction universelle. En peu de temps il devient la foi secrète du Pouvoir, à qui la pudeur et la bienséance défendront toujours de faire profession publique de scepticisme ; mais il est la foi avouée de la bourgeoisie et du peuple qui, n’étant plus retenus par aucune considération, laissent éclater leur indifférence et en tirent vanité. Alors l’autorité et la liberté perdues dans les âmes, la justice et la raison considérées comme de vains mots, la société est dissoute, la nation déchue. Ce qui subsiste n’est plus que matière et force brutale ; une révolution devient, à peine de mort morale, imminente. Qu’en sortira-t-il ? L’histoire est là pour répondre ; les exemples se comptent par milliers. Au système condamné succédera, grâce au mouvement des générations oublieuses mais sans cesse rajeunies, une transaction nouvelle, qui fournira la même carrière, et qui, usée à son tour et déshonorée par la con-