Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/87

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gasins, les forteresses, ne passent aux mains des autorités fédérales que dans les cas de guerre et pour l’objet spécial de la guerre ; hors de là, soldats et armements restent sous la main des autorités locales[1].


Dans une société régulièrement organisée, tout doit être en croissance continue, science, industrie, travail, richesse, santé publique ; la liberté et la moralité doivent aller du même pas. Là, le mouvement, la vie, ne s’arrêtent pas un instant. Organe principal de ce mouvement, l’État est toujours en action, car il a sans cesse de nouveaux besoins à satisfaire, de nouvelles questions à résoudre. Si sa fonction de premier moteur et de haut directeur est incessante, ses œuvres, en revanche, ne se répètent pas. Il est la plus haute expression du progrès. Or, qu’arrive-t-il lorsque, comme nous le voyons presque partout, comme on l’a vu presque toujours, il s’attarde dans les services qu’il a lui-même créés et cède à la tentation de l’accaparement ? De fondateur il se fait manœuvre ; il n’est plus le génie de la collectivité, qui la féconde, la dirige et l’enrichit, sans lui imposer aucune gêne : c’est une vaste compagnie anonyme, aux six cent mille employés et aux six cent mille soldats, organisée pour tout faire, et qui, au lieu de venir en aide à la nation, au lieu de servir les citoyens et les communes, les dépossède et les pressure. Bientôt la corruption, la malversation, le relâchement entrent dans ce système tout occupé

  1. Constitution fédérale Suisse, art. 13. — « La Confédération n’a pas le droit d’entretenir des armées permanentes. » Je donne à méditer cet article à nos républicains unitaires.