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Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/91

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incessamment la ronde autour d’elle. Fondée sur le contrat, expression solennelle de la Liberté, la Fédération ne saurait manquer à l’appel. Plus de douze siècles avant Jésus-Christ, elle se montre dans les tribus hébraïques, séparées les unes des autres dans leurs vallées, mais unies, comme les tribus ismaélites, par une sorte de pacte fondé sur la consanguinité. Presqu’aussitôt elle se manifeste dans l’Amphictyonie grecque, impuissante, il est vrai, à étouffer les discordes et à prévenir la conquête, ou ce qui revient au même l’absorption unitaire, mais témoignage vivant du futur droit des gens et de la Liberté universelle. On n’a pas oublié les ligues glorieuses des peuples slaves et germaniques, continuées jusqu’à nos jours dans les constitutions fédérales de la Suisse, de l’Allemagne, et jusque dans cet empire d’Autriche formé de tant de nations hétérogènes, mais, quoi qu’on fasse, inséparables. C’est ce contrat fédéral qui, se constituant peu à peu en gouvernement régulier, doit mettre fin partout aux contradictions de l’empirisme, éliminer l’arbitraire, et fonder sur un équilibre indestructible la Justice et la Paix.


Pendant de longs siècles, l’idée de Fédération semble voilée et tenue en réserve : la cause de cet ajournement est dans l’incapacité originelle des nations, et dans la nécessité de les former par une forte discipline. Or, tel est le rôle qui, par une sorte de conseil souverain, semble avoir été dévolu au système unitaire.


Il fallait dompter, fixer les multitudes errantes, indisciplinées et grossières ; former en groupes les cités isolées et