dustrie ; s’il est vrai encore que l’humanité ne puisse renier aucune de ses manifestations antérieures ; que son avoir se compose du produit de toutes ses générations concourant à un même but, il- est certain par là même que la sphère de l’idéal, de même que celle du réel, est infinie ; qu’aucun siècle ne pourra jamais se vanter de l’avoir tout entière parcourue ; que l’idéal variant, malgré sa tendance à l’absolu, comme la réalité, aucun idéalisme ne peut soutenir la prétention de primer les autres et de se poser en autocrate ; qu’il s’en faut de beaucoup que notre faculté esthétique trouve sa pleine et entière satisfaction dans la contemplation de formes ou figures prétendues idéales, et que la possession de la beauté épuise notre sentiment ; que les éclairs du génie, les fulgurations de la conscience, les explosions de l’héroïsme, de la passion et du dévouement, toutes les manifestations de l’âme, toutes les situations, tous les accidents de la vie, font aussi partie de notre domaine idéaliste ; que cette partie de nous-mêmes, la meilleure et la plus vaste, ne saurait cependant trouver son expression dans une contrefaçon idolâtrique, puisque ce serait substituer un idéal à un autre, l’idéal grec à l’idéal moderne ; qu’ainsi, puisque la raison esthétique nous apprend à distinguer des degrés et des espèces dans l’idéal, il y a lieu de distinguer aussi dans l’art entre les époques, les civilisations, les croyances, les langues pt les races ; que sous ce rapport, nous avons, nous
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