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QUESTION GÉNÉRALE SOULEVÉE

sent-ils, est à sa dernière ficelle. Après avoir agacé le public de ses laideurs recherchées, le voilà qui a recours à l’inconvenance des sujets. A force de cynisme, il ne pouvait manquer de s’attirer un coup d’État : seul moyen qui lui restât de faire encore une fois parler de lui. Maintenant, que les étrangers chez lesquels il va colporter son chef-d’œuvre lui témoignent en florins, guinées et dollars leur indiscrète curiosité, c’est tout ce qu’il demande. Qu’ils sachent seulement que ce prétendu maître peintre, fondateur équivoque d’une école sans élèves, qui n’a jamais su formuler son principe, cet insulteur de l’art, est jugé ; il n’a plus rien à montrer aux badauds ; il est à bout de surprises et de charlatanisme. » Et le public, — qui n’entend rien à ces disputes d’artistes, — d’ouvrir de grands yeux, médiocre amateur de peinture, mais très-affriandé de scandale.

Qu’on se figure, sur un grand chemin, au pied d’un chêne bénit, en face d’une sainte image, sous le regard sardonique du paysan moderne, une scène d’ivrognes appartenant tous à la classe la plus respectable de la société, au sacerdoce : là, le sacrilège se joignant a la soûlerie, le blasphème tombant sur le sacrilège ; les sept péchés capitaux, l’hypocrisie en tète, défilant eu costume ecclésiastique ; une vapeur libidineuse circulant à travers les groupe ; enfin, par un vigoureux contraste, cette petite orgie de la vie cléricale se passant au sein d’un paysage à la fois charmant et