tique et de bon sens, qui ne sommes point initiés aux mystères de l’art, avons le droit de demander aux artistes, non pour les contredire, mais afin d’être édifiés sur ce qu’ils pensent d’eux-mêmes et sur ce qu’ils attendent de nous. Or c’est justement à quoi, depuis que ces messieurs se querellent, genus irritabile, personne ne paraît avoir clairement répondu.
Tous les deux ans, naguère c’était tous les ans, le gouvernement régale le public d’une grande exposition de peinture, statuaire, dessin, etc. Jamais l’industrie n’eut des exhibitions aussi fréquentes, et elle en jouit depuis beaucoup moins de temps. En fait, c’est une foire d’artistes, mettant leurs produits en vente, et attendant avec anxiété les chalands. Pour ces solennités exceptionnelles, le gouvernement nomme un jury chargé-de vérifier les ouvrages qu’on lui envoie, et de désigner les meilleurs. Sur le rapport de ce jury, le gouvernement décerne des médailles d’or et d’argent, des décorations, des mentions honorables, des récompenses pécuniaires, des pensions ; il y a pour les artistes distingués, selon le talent reconnu et l’âge, des places à Rome, à l’Académie, au sénat. Tous ces frais sont acquittés par nous autres profanes, comme ceux de l’armée et des chemins vicinaux : ce qui établit une analogie de plus entre les industriels et les artistes. Cependant personne, ni dans le jury, ni à l’Académie, ni au sénat, ni à Rome, ne serait peut-être en état de