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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

rage d’observer la loi que le bonheur de la connaître, sûrs que nous nous flattons d’être de la fidélité de nos consciences. Nous dirions volontiers à Dieu, si cette invocation du souverain Être ne formait pas pour nous une contradiction : Donne-nous l’intelligence, et nous te garantissons notre vertu. Il y a loin de là à la prière du Christ : Ne nous induis pas et la tentation, sous-entendant : Parce que nous sommes certains d’y périr. Sur tout cela, dis-je, l’art n’a plus à intervenir ; il ne peut rien directement pour notre progrès : la tendance est à nous passer de lui.

Les faits sont d’accord avec l’opinion. Ce que l’on exige avant tout d’un avocat, c’est de la science et de la logique : quant au style et à l’éloquence, on y tient incomparablement moins qu’autrefois ; on ne s’y fie pas ; j’irais presque jusqu’à dire qu’on les dédaigne. C’est chose acquise, dès avant Molière et le Misanthrope, que le droit et la vérité subsistent par eux-mêmes ; que l’éloquence ne les fait point, mais sert seulement à les produire ; que, pourvu que l’avocat s'attache à la démonstration de sa cause, il doit triompher, si elle est juste, malgré tous les vices de sa prononciation, de son geste et de sa diction ; tandis que si la raison, le savoir, la logique lui font défaut, il y a lieu de croire, en dépit de son talent oratoire, qu’il perdra son procès. Un avocat qui aurait la prétention d’agir sur les tribunaux par de purs moyens rhétori-