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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

moins, en général, que ce soit ainsi que les choses se passent toujours ; ce qui suffit pour établir ma proposition, savoir, que là où l’idée sert d’idéal il ne reste plus de place à, l’art : c’est un métier.

Ce que je viens de dire de l’avocat, on peut l’appliquer au savant et à l’industriel. L’ingénieur admire. dans une machine la puissance, la solidité, l’économie de ressorts ; en un mot l’idée : quelques moulures ajoutées aux pièces, quelques frais d’élégance, d’embellissement, comme ces figures qu’on met à la proue des navires, ne signifient rien pour lui. La justesse de la formule, son application exacte et heureuse, voilà son idéal. Allez aux expositions de l’industrie, devenues si brillantes, qu’elles éclipsent les expositions de la peinture et de la statuaire : qu’est-ce qui fait l’idéal de ces industrieux, de ces manufacturiers, de ces métallurgistes, dont les entreprises, par leur splendeur et leur immensité, ont bien quelque droit aujourd’hui de prendre en dédain les pauvretés de l’art contemporain ? L’idéal pour eux se résume dans l’union de ces deux termes : qualité supérieure du produit, réduction au minimum des frais de production, termes dont la synthèse est RICHESSE. Je sais bien que la richesse n’est pas l’art ; je connais le mot de cet ancien peintre à un de ses confrères, auteur d’une Vénus magnifiquement parée, couverte de pierreries et d’or : Ne pouvant la faire belle, tu l’as faite riche ! Mais il ne faut