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ÉVOLUTION HISTORIQUE

la philosophie et régulateur de la civilisation ; puisque l’art, obligé de s’attacher à un idéal mobile et divergent, n’a plus à compter, comme autrefois, sur une concentration longuement prolongée de tous les efforts ; - que les artistes, au lieu de se décourager par le sentiment d’une infériorité qui n’est qu’apparente, puisqu’elle vient de leur indépendance, acceptent la condition qui leur est faite ; qu’ils se mettent courageusesement au travail, et, j’ose le dire, à moins qu’ils ne soient empêchés par des causes étrangères à la constitution de l’esprit humain et à l’art, d’autres triomphes les attendent ; une évolution plus intime, une nouvelle vie esthétique peut commencer pour l’humanité.

Au reste, je n’ai que faire de me poser ici en prophète ; je ne suis que l’écho d’un fait eR voie d’accomplissement. L’irrationalité de l’art, depuis la Révolution, a été universellement sentie ; elle a fait toute l’argumentation des romantiques contre les classiques ; puis elle a été retournée avec le même succès contre les romantiques eux-mêmes. De cette protestation est sortie une nouvelle école, nommée d’abord réaliste, que d’autres proposent de nommer naturaliste, et qui évidemment n’a su encore se déterminer et se définir. Il y a des pensées qui ne s’accouchent pas foules seules : celle-ci paraît être du nombre. Qui sont ces nouveaux venus ? que veulent-ils ? où vont-ils ? comment faut-il