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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

rement à Ornans, dont nous parlerons plus bas, « il fit pousser, dit un critique, des cris de surprise, de répugnance et d’admiration. Courbet venait de frapper fort comme un hercule de foire. Les critiques s’indignèrent au nom de la noblesse, de l’élégance du style et de tous les commandements de l’Académie. »

Je ne veux disputer ni sur la noblesse, ni sur l’élégance, ni sur la pose, ni sur le style, ni sur le geste, ni sur rien de ce qui constitue l’exécution d’une œuvre d’art et qui fait l’objet habituel de la vieille critique. Je serais même assez disposé à déclarer que je n’entends absolument rien à ces choses, et que je m’en félicite. Courbet possède, comme artiste, de puissantes qualités qu’on ne lui refuse guère ; il a aussi ses défauts, dont je n’entends aucunement lui faire un mérite. Je serais fort surpris qu’il n’en eût pas, et même de très-grands. Tout continuateur qu’il est de l’école hollandaise, Courbet est novateur, radicalement novateur ; il ne se connaît pas encore bien lui-même, et j’en donnerai la preuve ; il n’est soutenu, éclairé, redressé ni parle public, qui ne le comprend pas mieux qu’il ne comprend la peinture classique et romantique, et ne sait où il en veut venir ; ni par la critique, littéralement aveugle ; ni par les maîtres. Comment ne trébucherait-il pas à chaque instant ? Quel est donc l’art qui s’est produit du premier coup par des œuvres sans reproche ? Oublie-t -on que dans la Grèce de Périclès, dans celle