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ÉVOLUTION HISTORIQUE

par le temps qui court, ni Courbet ni aucun autre y réussisse, Humilions-nous sous le poids de notre indignité. Ce n’est pas déjà si peu de chose que de savoir nous montrer tels que nous sommes : sous tous ces rapports, j’ose dire qu’à part le fini de l’exécution, dont je ne dis rien, parce qu’une révolution dans la pensée de l’art implique une révolution dans la manière, et qu’à cet égard tout est à faire, la peinture de Courbet est autrement sérieuse et d’une visée plus haute que presque tout ce qu’a laissé l’école hollandaise.

Or, à présent que nous savons à quoi nous en tenir sur la nouvelle réforme, nous pouvons en apprécier avec connaissance de cause les productions, et en dire notre sentiment. Ce serait fait de l’art, s’il était possible que le public demeurât étranger à ses mouvements. On se souvient de la réforme entreprise par Boileau contre le mauvais goût de son siècle ; mais Boileau n’eût pas réussi, s’il n’avait été appuyé, à fur et mesure de ses efforts, par le bon esprit de ses contemporains. Poursuivons donc notre revue, et ne doutons pas que le jour où le public, initié à la pensée supérieure de la nouvelle école, saura s’y intéresser, le jour où le bon sens des masses aura remporté sur le mauvais goût traditionnel cette grande victoire, l’art reprendra sa marche ascensionnelle, et son influence sur l’esprit public sera incalculable.