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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

phique, excellente pour marquer la transition qui sépara tout à coup le monde catholique et féodal du monde de la science et de la liberté, ne suffit plus ; elle n’est pas assez distinctive ; elle manque pour nous d’horizon, en laissant croire que l’art n’a plus à faire désormais qu’à continuer les Hollandais, tandis qu’il est manifeste que déjà il les dépasse. Quant aux idéalistes de la fantaisie qui, sous les noms de classiques et de romantiques, occupent toute la période comprise entre la Révolution et le second Empire, il ne peut pas même en,être ici question : ceux-là n’ont pas plus d’idéal que n’en auraient les purs réalistes, s’il en existait.

Ainsi la question se réduit, pour définir la nouvelle école et déterminer le caractère nouveau de l’art, à dire de quelle nature est, en général, l’idéalisme auquel il doit désormais se référer. Tout d’abord, je remarque que l’idéal artistique chez les Égyptiens, les Grecs, les chrétiens,- et même à la Renaissance, correspond à un dogme religieux, dont il n’est que la traduction ; il pivote sur ce dogme ; il y ramène de près ou de loin toutes ses inventions. On peut donc l’appeler, d’une manière générale, idéalisme dogmatique. Depuis la réforme luthéro-hollandaise, le dogme à priori a cédé la place à la libre pensée ; l’art a pris son idéal partout, dans l’infini de la nature et de l’humanité et dans la contemplation de leurs splendeurs et de leurs lois ; et