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ÉVOLUTION HISTORIQUE

ni épouse, mais plus que domestique ; disgracieuse, béate, à la démarche équivoque, à l’œil louche, qui a sa part d’influence dans le gouvernement spirituel du troupeau, triste associée de ce triste berger d’hommes.

Toute cette troupe passe devant un vieux hêtre, dans une excavation duquel est placée sous grille une statuette de la Vierge immaculée. La piété des populations, excitée par le clergé, a multiplié les croix et les images pieuses à travers les campagnes, au bord des chemins, dans tous les carrefours. Ainsi le prêtre, vivant à l’ombre du clocher, près des sépultures fidèles, entouré d’images saintes, de vases consacrés, de signes bénits, d’objets de toutes sortes formant le mobilier du culte, sacré lui-même de la main de l’évêque ; le prêtre, dont tous les instants doivent être marqués par une élévation de cœur vers Dieu, qui à chaque pas est rappelé à la sainteté de sa vocation par les monuments que lui-même a érigés de ses mains, ne peut faire un pas sans s’exposer à outrager mortellement sa religion ; pour peu que sa vigilance se relâche, sa vie ne sera qu’un long sacrilège.

Tout à fait à gauche du tableau, et comme pour en exprimer la moralité, se trouvent un paysan et sa femme, piochant la terre au bord de la route sur laquelle ils voient venir à eux le cortège, et distraits un moment de leur travail par le spectacle auquel ils assistent. Le paysan, grossier, illettré, n’en est pas moins