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ÉVOLUTION HISTORIQUE

condamnations, la prison, l’exil. Pourquoi ne puis-je obtenir l’autorisation de publier un journal ? Le public, sauf de rares exceptions, n’a pas le temps de lire des livres et des brochures : il veut qu’on lui donne l’instruction en détail ; il consent volontiers à consacrer une demi-heure par jour à la lecture, pendant son déjeuner ou son dîner ; il ne va pas au delà. Force est donc à toutes les idées, à toutes les questions, à toutes les opinions, à toutes les causes, de passer par la presse périodique, dont. les feuilles se distribuent depuis cinq jusqu’à vingt centimes.

Le gouvernement, qui le sait, ne le veut justement pas ; il fait de la presse un privilège accordé à des hommes sûrs, sans préjudice des poursuites rigoureuses exercées contre les livres et les brochures. Et pour sauver une dynastie, une personnalité, une politique, on exécute l'esprit d’un peuple ; on tue l’idée avec la forme.

Et il y a des écrivains, soi-disant libéraux, qui applaudissent, en disant que la presse est impuissante !...

L’art est traité comme l’idée, comme la littérature, comme la presse. On dit aux artistes : De quoi vous plaignez-vous ? Que vous Planque-t-il ? La religion, l’histoire, la fantaisie, la nature entière ne vous offrent-elles pas un champ assez vaste ? Faites-nous des tableaux de piété, des scènes de la vie des grands