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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

dans une société où les corrections corporelles ont fait place aux tortures morales. Et quand on songe que les prisonniers enfermés dans ce gigantesque tombeau sont des prévenus, c’est-à-dire des accusés présumés innocents jusqu’à jugement contradictoire, on se demande quel châtiment la loi réserve aux condamnés, aux criminels, et quelle idée morale préside au régime des prisons en France. Mazas est une conception architecturale digne de prendre place à côté des œuvres les plus philosophiques de l’école critique. La vue de ce monument ne peut que hâter, par l’horreur qu’il inspire, la réforme des lois et coutumes de nos gouvernements, en matière de prévention comme de répression. Qu’on me cite un monument à nos gloires d’un idéalisme aussi saisissant, d’un enseignement plus profond !

Les halles centrales ont causé grand scandale dans la gent académique, élèves et maîtres. Là, en effet, pas, de colonnes, pas de pilastres, pas de corniches, pas d’attiques ; ni chapiteaux, ni modillons, ni cartouches, ni statues, ni bas-reliefs ; de la pierre dans les fondations, du fer depuis le sol jusqu’à la couverture, une toiture de verre et de zinc : rien de tout cela n’a été prévu par l’Institut et l’École. Aussi les halles sont-elles un monument de la barbarie ; un vol fait aux artistes pour lesquels les travaux de la ville et de l’État sont une propriété ; un détournement de commande au