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ÉVOLUTION HISTORIQUE

des sacerdoces et des despotes de tromper le paupérisme des masses par le prestige des monuments.

L’Égyptien pouvait-il se plaindre en voyant s’élever ces obélisques, ces sphinx, ces pyramides, ces temples gigantesques ?

Quand l’engouement artistique s’empare des Grecs, ils sont perdus : les Romains ne les nomment plus que Grœculi, Grécillons, comme les Belges nous appellent Francequillons.

L’empire une fois installé, les grands monuments s’élèvent dans Rome corrompue et dégénérée : le Panthéon, le Colysée, etc.

Le catholicisme fonde ses cathédrales sur la servitude ; la Rome de Léon X paye ses artistes avec l’argent des indulgences. Plût à Dieu que Luther eût exterminé les Raphaël, les Michel-Ange et tous leurs émules, tous ces ornementateurs de palais et d’églises !

Les artistes, une fois le but de l’art manqué, sont devenus les auxiliaires naturels du sacerdoce et du despotisme contre la liberté des peuples. Ministres de corruption, professeurs de volupté, agents de prostitution, ce sont eux qui ont appris aux masses à supporter leur indignité et leur indigence par la contemplation de leurs merveilles.

Et nous lus préconisons, ces artistes, comme les premiers des mortels ! nous les divinison ! nous les prenons pour chefs et modèles, nous leurs donnons