Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/370

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
358
ÉVOLUTION HISTORIQUE

selon la nature des commandes, puis selon le moyen qui les distingue. Ainsi il y a des peintres d’église, des’ peintres d’histoire, des peintres de batailles, des peintres de genre, c’est-à-dire d’anecdotes ou de farces, des peintres de portraits, des peintres de paysages, des peintres d’animaux, des peintres de marine, des peintres de Vénus, des peintres de fantaisie. Tel cultive le nu, tel autre la draperie. Puis chacun s’efforce de se distinguer par un des moyens qui concourent à l’exécution. L’un s’applique au dessin, l’autre à la couleur ; celui-ci soigne la composition, celui-là la perspective, cet autre le costume ou la couleur locale ; tel brille par le sentiment, tel autre par l’idéalité ou le réalisme de ses figures ; tel autre rachète par le fini des détails la nullité du sujet. Chacun s’efforce d’avoir un truc, un chic, une manière, et, la mode aidant, les réputations se font et se défont. Une cause de succès dans la peinture religieuse, depuis plusieurs années, a été, par exemple, de peindre les patriarches et les personnages de l’Ancien Testament en costume arabe : Abraham est un vieux Bédouin.

Les littérateurs ne procèdent pas autrement. L’un cultive l’antithèse, l’autre la comparaison et la métaphore ; celui-ci aime les descriptions et la pompe ; cet autre recherche la périphrase et l’épithète ; il en est qui ne parlent que par exclamations, apostrophes, prosopopées. Le pindarisme enfin, la phraséurgie,