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ÉVOLUTION HISTORIQUE

cipes, des sujets monarchiques, socialistes, républicains, ne se doutant pas que lorsque les convictions sont mortes, l’art est mort, et que pour le ranimer. il faut se refaire homme !...

Tout ici est solidaire : l’art faux, la mauvaise littérature, la politique de chauvins, les mauvaises mœurs, la critique vénale, la fausse éloquence, la poésie absurde, l’histoire phraséurgiste, la morale quiétiste, la négation de la justice.

Platon touchait juste quand il chassait les artistes et les poëtes de la république : je ne demande pas qu’on les mette hors la société, mais hors le gouvernement ; car si l’artiste, dans ce qu’il a de meilleur, est conduit et inspiré par la société, celle-ci, en revanche, est perdue si, à la fin, elle se laisse inspirer et mener par lui. Or voilà justement notre cas.

Depuis 89, nous adorons la fantasia ; nous sommes livrés aux dilettanti. Mirabeau est plus admiré comme virtuose que comme politique : en quoi on a fait de lui un homme prodigieux dont nous ne sommes pas encore dignes ; Robespierre est le virtuose du club ; Napoléon 1er le virtuose des batailles, écrasé à la fin partout, faute d’avoir eu une idée. Nous n’avons même plus le sens de notre histoire.

De tous les agents de notre dissolution intellectuelle et morale, le plus énergique a été sans contredit le romantisme. L’école n’a compris ni son siècle ni sa