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ÉVOLUTION HISTORIQUE

s’en inspirent tous les jours ; et chaque fois que notre humanité, éternellement progressive, voudra se faire une idée approchée du beau absolu, c’est à la Grèce qu’elle la demandera.

Ce qui caractérise l’art grec et qu’on ne saurait assez louer, après l’idéal de la forme, c’est la mesure, la sobriété, la simplicité des moyens. Là jamais de surcharges, jamais d’attitude forcée ou ambitieuse ; nulle exagération, pas d’ornements superflus ; c’est la forme seule qui, dans la pureté de son dessin, l’élégance de sa ligne, se sert à elle-même d’ornement. La même règle qui gouverne la morale grecque : rien de trop, point de recherche, pas de pose, gouverne l’art ; le moindre vase est conçu dans le même sentiment que les statues et les temples des dieux. L’architecture grecque repose sur deux éléments : deux poteaux surmontés d’une traverse, voilà la colonnade, les portiques, le fronton ; voilà le temple. Le Romain y ajoutera le plein cintre, le Germain l’ogive ; ils bâtiront l’un et l’autre des cirques immenses et des cathédrales prodigieuses : ils n’effaceront pas la beauté simple, la beauté essentielle des monuments grecs.

Mais tout a été dit sur l’art grec ; les formules de l’admiration sont épuisées ; il s’agit de le juger en lui-même, d’en apprécier les effets et d’en marquer la catastrophe.

Avant tout, il y eut ceci de vrai dans l’art grec,