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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

rel que les personnages les plus saints redeviennent de simples types, voire des portraits : qu’importe la figure à qui ferme les yeux sur la forme et n’est occupé que du sentiment de religion ? C’est ainsi que j’ai retrouvé dans les rues de Bruges les originaux qui servirent à Memling pour son fameux mariage mystique de sainte Catherine. Les peintres de cette époque ne se gênaient guère pour trouver leurs têtes de saintes ; ils s’appliquaient à rendre l’invisible au moyen des traits visibles, et tout leur était bon pour cela. Ils copiaient le modèle qui posait devant eux, en attitude de vierge et de martyre, ajoutant seulement de leur invention, corrigeant et rectifiant ce qu’il pouvait y avoir de défectueux, au point de vue d’une piété vive, dans la mondanité du modèle. En un sens, l’art chrétien, en même temps qu’il s’attachait à l’idéal quintessencié de sa foi, fut un retour à la vérité concrète et positive, oubliée depuis les Grecs. Rubens, prenant ses modèles chez les beautés d’Anvers et de la Campine, fut, sous ce rapport, un vrai réaliste.

A ceux qui nient l’art chrétien, on peut se contenter de citer le Dies iræ. Chaque strophe se compose de trois vers de huit syllabes sur une seule rime. Les strophes sont couplées pour le chant de la manière suivante : les deux premières se chantent alternativement parles chantres et le chœur, sur une mélodie ; les deux suivantes sur une seconde mélodie ; les deux suivantes