Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/113

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de travailleurs, si la loi de réciprocité était universellement adoptée et mise en pratique ; qu’une société formée sur cette base unique a besoin, pour se soutenir, que la majorité, la méconnaissant, lui en laisse le bénéfice ; et que le jour où, par le consentement de tous les citoyens, la réciprocité deviendra une loi d’économie sociale, le premier venu non associé pouvant offrir au public les mêmes avantages que la société, et avec plus d’avantage encore puisqu’il n’aurait pas de frais généraux, la société sera sans objet.

Une autre association du même genre, dont le mécanisme se rapproche davantage de la formule élémentaire de la réciprocité, est la Ménagère, dont le même journal la République a rendu compte dans son numéro du 8 mai. Elle a pour but d’assurer aux consommateurs, à des prix réduits, en qualités supérieures, et sans aucune fraude, tous les objets de consommation. Il suffit pour en faire partie de verser la somme de cinq francs à titre de capital social, plus 50 centimes pour frais généraux d’administration. Les associés, remarquez ceci, n’acceptent aucune charge, ne prennent aucun engagement, n’ont d’autre obligation que de payer les objets qui leur sont fournis sur leur demande, et à domicile. L’agent général seul est responsable.

C’est toujours le même principe. Dans les boucheries sociétaires, la garantie de bon marché, qualité et poids, est obtenue par une commandite dont le résultat est de fonder une boucherie spéciale, dirigée ad hoc par un agent exprès, faisant fonction de patron et entrepreneur. Dans la Ménagère, c’est un entrepreneur général, représentant tous les genres de commerce possibles, qui se charge, moyennant 5 francs de souscription et 50 centimes de frais, de fournir