Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/203

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à ceux-là le Tribunal révolutionnaire ou le Conseil de guerre, servent d’enseigne et de grosse caisse. Du reste, tous ces hommes ont pris position sur l’idée de Gouvernement. Le Pouvoir, quand de toutes parts le Pouvoir s’écroule, est encore la seule idée qui les rallie : dernier trait qui leur prédit leur sort, et nous les montre comme les précurseurs et les victimes de l’exterminateur final, Robespierre.

Le 10 août 1792 la Royauté s’effondrait sous les boulets des faubourgs, que Robespierre et ses Jacobins en étaient encore à la Constitution de 91, baignée du sang des soldats de Nancy et des patriotes du Champ-de-Mars. Ils tiraillaient du haut de leur citadelle parlementaire, se méfiant de ceux qui parlaient de faire sauter et royauté et constitution. Ils ne pardonnèrent jamais aux révolutionnaires hardis, à Danton, qui les avait traînés comme des chiens cagnards à la chasse de la royauté constitutionnelle, dont ils espéraient devenir à leur tour les modérateurs et les maîtres. La Constitution, disait Robespierre, suffit à la Révolution.

La haine de ce parti, qui a bu le sang des meilleurs citoyens, nous poursuit encore. Je puis me réconcilier avec les hommes, parce que je suis comme eux, sujet à faillir ; avec les partis, jamais. Qu’ils continuent donc, car, hélas ! ce n’est pas de sitôt que la Révolution sera délivrée du frein. Nous ferons volontiers à de moins avancés le sacrifice de notre initiative, pourvu que par leurs mains la Révolution s’accomplisse. Nous dirons à Robespierre, comme Thémistocle à Eurybiade : Frappe, satellite du Gouvernement ; frappe, sycophante de la Révolution ; frappe, bâtard de Loyola, tartuffe de l’Être-Suprême ; frappe, mais écoute.