Je prouverai dans les différentes parties de cet écrit, et je vais dès à présent établir de la manière la plus victorieuse, que la révolution n’a marché, depuis trois ans, que par la réaction rouge, tricolore, blanche, qui l’a accueillie ; et quand je dis marché, je prends le mot dans le sens de la détermination de l’idée, comme de la propagation du fait. Si la révolution n’existait pas, sachez-le bien, la réaction l’inventerait. L’Idée conçue vaguement sous l’aiguillon du besoin, puis dégrossie, formulée par la contradiction, devient rapidement un droit. Et comme les droits sont solidaires, qu’on ne peut en nier un seul sans sacrifier en même temps tous les autres, il en résulte qu’un gouvernement de réaction est entraîné par le fantôme qu’il poursuit à un arbitraire sans fin, et qu’à force de vouloir sauver la société de la révolution, il intéresse à cette révolution la société tout entière. C’est ainsi que l’ancienne monarchie, renvoyant d’abord Turgot, puis Necker ; s’opposant à toutes les réformes, mécontentant tiers-état, parlements, clergé, noblesse, créa, je veux dire fit entrer dans le monde des faits, la révolution, qui, depuis ce jour, n’a cessé de croître et embellir, et d’étendre ses conquêtes.
Un phénomène analogue s’est produit depuis février. Est-ce qu’enfin nos adversaires de toute couleur, comprenant l’absurdité de leur entreprise, ne se décideront pas à faire retraite ?
En 1848, le prolétariat, intervenant tout à coup dans la querelle engagée entre la bourgeoisie et la couronne, fait entendre son cri de misère. Quelle était la cause de cette misère ? le manque de travail, disait-il. Le peuple demandait donc du travail : sa protestation n’allait pas au delà. Ceux qui venaient de proclamer en son nom la République, lui ayant promis de le faire