Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/245

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procéder avec toute la prudence, toute la modération qui sera jugée utile ; plus tard, notre destinée pourrait ne plus dépendre de notre libre arbitre.

J’ai depuis longtemps prouvé que tout, dans les aspirations du Pays, dans les idées qui ont cours parmi les capitalistes et propriétaires comme parmi les paysans et les ouvriers, conduit fatalement à cette liquidation : associations pour le bon marché des produits, entassement du numéraire à la Banque, comptoirs d’escompte, papier de crédit, banque foncière, cités ouvrières, droit à la plus-value, etc., etc. J’ai fait l’analyse et la déduction de ces idées, et j’ai trouvé partout au fond le principe de la réciprocité et du contrat, nulle part celui du gouvernement. J’ai montré enfin comment la liquidation pouvait, sur chaque point donné, s’opérer avec telle rapidité qu’on voudrait ; et si je me suis déclaré pour la forme la plus expéditive et la plus prompte, ce n’est point, comme on pourrait croire, par amour des opinions extrêmes, mais parce que je suis convaincu que ce mode est de tous le plus sage, le plus juste, le plus conservateur, le plus avantageux à tous les intéressés, débiteurs, créanciers, rentiers, locataires, fermiers et propriétaires.

Moi, chercher les opinions extrêmes ! Eh ! croyez-vous donc qu’au delà de l’idée toute de conciliation que je préfère et que je propose, il n’y en ait pas de plus radicale et de plus sommaire ? Avez-vous oublié ce mot du grand Frédéric au meunier Sans-Souci :


Sais-tu que sans payer je pourrais bien le prendre ?


Entre le remboursement par annuités et la confiscation, il peut exister bien des moyens termes. Que la