Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/25

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Le gouvernement, il faut le reconnaître, avait jusqu’à certain point raison. Pour assurer à tous le travail et par conséquent l’échange, il faut, ainsi que nous le ferons voir, changer la direction, modifier l’économie de la société : chose grave, qui sortait de la compétence du Gouvernement provisoire et sur laquelle il était de son devoir de consulter préalablement le Pays. Quant aux plans qui dès lors se proposèrent et aux conférences quasi-officielles où l’on amusa, à cette occasion, le chômage des ouvriers, ils ne méritent pas plus les honneurs de l’histoire que de la critique. Ce furent autant de prétextes à la réaction qui bientôt, au sein du parti républicain même, se manifesta.

Mais où commença le tort des hommes du pouvoir, ce qui exaspéra les prolétaires, et qui, d’une simple question de travail, fera, en moins de dix ans peut-être, la plus intégrale des révolutions, ce fut quand on vit le Gouvernement, au lieu de provoquer, comme Louis XVI, les recherches des publicistes, au lieu d’appeler l’attention des citoyens et de solliciter sur la grande question du travail et de la misère l’expression de leurs vœux, se renfermer durant quatre mois dans un silence hostile ; quand on le vit hésiter sur la reconnaissance des droits naturels de l’homme et du citoyen ; se méfier de la liberté, surtout de celle de la presse et des réunions populaires ; résister à la sollicitation des patriotes touchant le cautionnement et le timbre ; surveiller les clubs au lieu de les organiser et de les diriger ; créer, à toute éventualité, un corps de prétoriens dans la garde mobile ; cajoler le clergé ; rappeler à Paris les troupes, dans le but de les faire fraterniser avec le peuple ; donner le signal de la haine contre le Socialisme, nom nouveau que prenait la Ré-