Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/273

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nous faisait jouir une fois de l’ordre économique ?…

Mais, précisément parce que la Valeur est au plus haut degré antiréglementaire, elle est éminemment transactionnelle, attendu qu’elle résulte toujours d’une transaction entre le vendeur et l’acheteur, ou comme disent les économistes, entre l’offre et la demande.

En effet, le prix des choses est la matière par excellence des conventions, l’élément naturel, constant, exclusif, de tous les contrats entre l’homme et l’homme. D’où il suit que la théorie de la Valeur est la base de toute justice commutative : elle devrait se trouver en tête de toute législation, comme un décalogue, puisque, sans une Valeur quelconque et préexistante, il n’y a ni vente, ni échange, ni louage, ni société, ni dommages-intérêts, ni servitudes, ni hypothèques, etc. Ce n’est donc point une réglementation de la valeur que l’on demande ; c’est la manière d’arriver à une transaction de bonne foi à son égard.

Qui croirait, si nous n’en avions sous les yeux les témoignages, que depuis six mille ans que l’humanité a commencé de se gouverner par des lois, il n’en a pas été fait une seule, sur toute la face de la terre, qui eût pour objet, non pas de fixer la valeur des choses, ce qui est impossible, mais d’apprendre aux échangistes à l’approximer ? Les prescriptions sur la forme des contrats abondent et varient à l’infini ; de la matière en général ou de la valeur, il n’en fut jamais question. Aussi, nous avons des lois par centaines de mille, et pas de principes. C’est le monde renversé, le monde de la guerre, tel que l’ont fait de tout temps les avocats et les juges, et que veulent l’entretenir les jésuites et les malthusiens.

On comprend que je ne puis ici me livrer aux discussions de théorie et de pratique que soulève la va-