Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par l’autorité, s’est d’abord divisé en deux : l’autorité spirituelle, et l’autorité temporelle.

Après une courte période de prépondérance, et de longs siècles de luttes, le sacerdoce semblait avoir définitivement renoncé à l’empire ; la papauté avec toutes ses milices, que résument actuellement les jésuites et les ignorantins, avait été rejetée en dehors et au-dessous des affaires humaines.

Depuis deux ans, la puissance spirituelle est en voie de ressaisir la suprématie. Elle s’est coalisée, contre la Révolution, avec la puissance séculière, et traite maintenant d’égale à égale avec celle-ci. Toutes deux ont fini par reconnaître que leurs différends provenaient de malentendu, que leur but étant le même, leurs principes, leurs moyens, leurs dogmes, absolument identiques, le Gouvernement leur devait être commun, ou plutôt, qu’elles devaient se considérer comme complément l’une de l’autre, et former, par leur union, une seule et indivisible Autorité.

Telle est du moins la conclusion à laquelle arriveraient peut-être l’Église et l’État, si les lois du mouvement dans l’Humanité rendaient de semblables réconciliations possibles, si déjà la Révolution n’avait marqué leur dernière heure.

Quoi qu’il en soit, il importe, pour la conviction des esprits, de mettre en parallèle, dans leurs idées fondamentales, d’un côté, le système politico-religieux, — la philosophie, qui a distingué si longtemps le spirituel du temporel, n’a plus droit de les séparer ; — d’autre part, le système économique.

Le Gouvernement donc, soit l’Église et l’État indivisiblement unis, a pour dogmes :

1. La perversité originelle de la nature humaine ;

2. L’inégalité essentielle des conditions ;