Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reformèrent un gouvernement qui avait sa source dans le mandat électoral, et condamnèrent le parti de la Gironde, qui, sans pouvoir dire comment il entendait garder l’unité, ne voulait pas néanmoins, à ce qu’on prétend, de la centralisation.

Les fruits de cette politique peuvent se juger.

D’après M. Raudot, le total des fonctionnaires, pour l’État et les communes, est de 568,365. Dans ce nombre n’est pas comprise l’armée française. C’est donc, en sus des soldats dont le nombre varie de 4 à 500,000, une masse de 568,365 agents, surveillants, gardiens, etc., qui enlacent le pays, que le Gouvernement entretient aux frais de la nation, et dont il dispose, soit pour la morigéner, soit pour se défendre contre les attaques des mécontents et les assauts, bien plus redoutables encore, de l’opinion.

Voilà l’Arbitre que nous impose la centralisation ! Croyez-vous qu’une anarchie complète ne valût pas mieux pour notre repos, notre travail et notre bien-être, que ce million de parasites armés contre nos libertés et nos intérêts ?

Ce n’est pas tout.

Par cela même qu’il existe 568,365 employés de l’État aux ordres du ministère, l’opposition, dynastique ou républicaine, peu importe, a de son côté une armée deux, trois, quatre fois plus nombreuse, composée de tous les individus sans emplois, ruinés, mécontents de leur position, qui convoitent les places de l’État, et qui pour y arriver travaillent de leur mieux, sous leurs chefs de file, à faire tomber les sommités du Gouvernement. Ainsi, d’un côté, la guerre entre le pays officiel et le pays industriel ; de l’autre, la guerre entre le ministère et l’opposition : que dites-vous de cet ordre ?