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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/32

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contre elle, et que ses organes ont disparu de la scène. Désormais tout ce que l’on entreprendra contre la Révolution la fortifiera : citons seulement les faits principaux.

En quelques mois, la maladie révolutionnaire avait infecté les deux tiers de l’Europe. Ses principaux foyers étaient, en Italie, Rome et Venise ; au delà du Rhin, la Hongrie. Le gouvernement de la république française, afin de réprimer plus sûrement chez lui la Révolution, ne recule point devant un pacte avec l’étranger. La Restauration avait fait contre les libéraux la guerre d’Espagne ; la réaction de 1849 fit contre la démocratie-socialiste, — j’emploie à dessein ces deux mots qui marquent le progrès qu’avait fait en un an la Révolution, — l’expédition de Rome. Des fils de Voltaire, héritiers des jacobins, — pouvait-on moins attendre de ces acolytes de Robespierre ? — avaient conçu les premiers l’idée de porter secours au pape, de marier ensemble la République et le Catholicisme ; ce furent les jésuites qui la réalisèrent. Battue à Rome, la démocratie-socialiste essaya de protester à Paris : elle fut dissipée sans combat.

Qu’est-ce que la réaction y a gagné ? qu’à la haine des rois s’est ajoutée dans le cœur du peuple la haine des prêtres, et que la guerre au principe gouvernemental s’est compliquée, dans toute l’Europe, de la guerre au principe chrétien. En 1848, il ne s’agissait, au dire des docteurs, que d’une surexcitation politique ; bientôt, par l’inopportunité des remèdes, l’affection passe à l’état économique ; la voici qui se déclare religieuse ! N’est-ce pas à désespérer de la médecine ? Quels réactifs employer désormais ?…

C’était le cas évidemment pour des politiques doués du plus simple bon sens de faire retraite : ce fut juste