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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/340

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ble : c’est ce qui explique pourquoi la monarchie n’a jamais pu se rendre universelle. La monarchie universelle est en politique ce que la quadrature du cercle ou le mouvement perpétuel est en mathématique, une contradiction. Une nation peut supporter un gouvernement, tant que ses puissances économiques ne sont pas organisées, et que ce gouvernement est le sien : la nationalité du pouvoir faisant illusion sur la valeur du principe, le Gouvernement se soutient à travers un roulement interminable de monarchies, d’aristocraties, et de démocraties. Mais si le Pouvoir est extérieur à la nation, elle le ressent comme une injure ; la révolte est dans tous les cœurs : l’établissement ne peut durer.

Ce qu’aucune monarchie, pas même celle des césars, n’a donc su obtenir ; ce que le christianisme, résumé des anciens cultes, a été impuissant à produire, la République universelle, la révolution économique l’accomplira : elle ne peut pas ne pas l’accomplir.

Il en est, en effet, de l’économie politique comme des autres sciences : elle est fatalement la même par toute la terre ; elle ne dépend pas des convenances des hommes et des nations, elle ne se soumet au caprice de personne. Il n’y a pas une économie politique russe, anglaise, autrichienne, tatare ou hindoue, pas plus qu’une physique, une géométrie hongroise, allemande, ou américaine. La vérité est égale partout à elle-même : la science est l’unité du genre humain.

Si donc la science, non plus la religion ni l’autorité, est prise en chaque pays pour règle de la société, arbitre souverain des intérêts ; le gouvernement devenant nul, toutes les législations de l’univers sont d’accord. Il n’y a plus de nationalité, plus de patrie, dans le sens politique du mot ; il n’y a que des lieux