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Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/44

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Joinville, ou laissez-vous aller à la République : tout cela est parfaitement insignifiant. Si ce n’est en 1852, ce sera en 1856, vous aurez une convention nationale. L’idée révolutionnaire triomphe ; pour la combattre encore, il ne vous reste d’autre position que la légalité républicaine, que vous ne cessez depuis trois ans de violer. Votre unique refuge est dans cette république de néant, qui, en 1848, s’efforça d’être modérée et honnête, comme si l’honneur et la modération pouvaient se trouver là où font défaut les principes, et dont vous avez étalé aux yeux du monde la nudité ignominieuse. La voyez-vous déjà, tantôt sous l’apparence des sentiments les plus pacifiques, tantôt sous le masque des déclamations les plus ampoulées, vous appeler à elle et vous tendre les bras ? Allez donc à cette République constitutionnelle, parlementaire, gouvernementale, confite en jacobinisme et en doctrine, qui, soit qu’elle invoque le nom de Sieyès, soit qu’elle se réclame de Robespierre, n’en est pas moins la formule de la contre-révolution. Après avoir épuisé la violence, il vous reste la ruse : c’est là aussi que nous nous apprêtons à vous joindre.

Mais je dis aux républicains de février, à ce parti, sans distinction de nuances, à qui la révolution peut reprocher quelques erreurs, mais pas une félonie :

C’est vous qui, en 1848, après avoir posé, à votre insu, la question révolutionnaire, avez donné presque aussitôt, par vos rivalités ambitieuses, par votre politique routinière, par vos fantaisies rétrospectives, le signal de la réaction.

Vous voyez ce qu’elle a produit.

Avant la bataille de juin, la révolution avait à peine conscience d’elle-même : c’était une aspiration vague