Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/50

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haut, ne s’accomplît sans bruit, je dirais presque sans révolutionnaires.

Il fallut quinze ans de gâchis, sous un monarque personnellement irréprochable, pour prouver aux plus simples que le mal était, non point accidentel, mais constitutionnel, la désorganisation systématique, non fortuite, et que la situation, au lieu de s’améliorer, allait chaque jour, par la fatalité des institutions, de mal en pis. La publication du Livre rouge, en 1790, fut la démonstration par chiffres de cette vérité. C’est alors que la Révolution devint populaire, inévitable.

La question que nous avons prise pour texte de cette étude, Y a-t-il raison suffisante de révolution au dix-neuvième siècle ? se traduit donc en celle-ci : Quelle est, de nos jours, la tendance de la société ?

Dès lors, comme c’est moins le nombre et la gravité des faits qu’il importe de signaler, que leur signification tendentielle, peu de pages suffiront à motiver la réponse que je n’hésite point à consigner ici : La société, telle qu’elle a pu se développer librement depuis un demi-siècle, sous les préoccupations de 89-93, la tutelle de l’empire, les garanties de 1814, 1830 et 1848, est dans une voie radicalement et progressivement mauvaise.

Plaçons-nous au point de départ de cette société, à l’année 1789.

La Révolution, en 1789, avait à la fois à détruire et à fonder. Elle avait à abolir l’ancien régime, mais en produisant une organisation nouvelle, dont le plan et les caractères devaient être en tout l’opposé de l’ordre antérieur, d’après la règle révolutionnaire : Toute négation dans la Société implique une affirmation subséquente et contradictoire.

De ces deux choses la Révolution n’accomplit à